Savez-vous pourquoi, de nos lointains cours d’Histoire, nous nous rappelons plus facilement les anecdotes que les énumérations de dates ? Car, comme le démontrent les études neuroscientifiques, le recours à l’émotion et aux sens permet un ancrage mnésique plus profond ! 

Le but du storytelling, en formation comme en marketing, est précisément de susciter cette émotion pour obtenir ce même résultat. 

Comment fonctionne le storytelling en formation ?

A travers un récit crédible, il s’agit pour vous, formateurs, de favoriser chez vos apprenants un processus identificatoire en partant du principe que, s’ils prennent fait et cause pour votre personnage principal, ils adhèreront automatiquement à la finalité de votre récit et s’approprieront spontanément les notions pédagogiques apportées en conclusion. Car le storytelling, comme les fables, ne vise pas le simple divertissement mais bien la transmission d’un message. Au-delà de l’histoire, c’est un outil pédagogique permettant d’insister plus efficacement sur une notion clé. 

L’identification ou « transfert » variant suivant les caractéristiques personnelles du spectateur (ses codes sociaux, valeurs culturelles ou morales, etc.), il n’est pas évident de faire mouche à tous les coups. Toutefois, la tâche est plus simple pour le formateur que pour le publicitaire ou le cinéaste puisque les différents apprenants d’un même groupe ont tous un point commun : la problématique visée par la formation. C’est elle qui doit logiquement occuper le cœur de votre récit.

Construire un récit

Pour raconter une bonne histoire, il est important de comprendre comment les histoires se construisent. En l’occurrence, un récit est invariablement composé des 5 mêmes éléments et, ce qui facilite encore la mémorisation, ces 5 éléments sont invariablement rangés dans le même ordre !

Tout d’abord, la situation initiale. Que fait votre personnage principal avant que l’intrigue à proprement parler ne commence ? Est-il chez lui ? A son travail ? Dans la rue ? Est-il jeune ou plus âgé ? S’agit-il d’une femme ou d’un homme ?

Ensuite, l’élément perturbateur, c’est-à-dire l’événement déclencheur qui amorce l’intrigue (une panne d’ordinateur, une réclamation, un incident quelconque,…). C’est la problématique qui sous-tend l’ensemble de votre histoire (le « héros » va-t-il réussir à relever le défi ?). Comme on l’a dit précédemment, cette problématique est directement inspirée des objectifs de votre formation.

Troisième étape : les péripéties. Elles sont plus ou moins nombreuses et plus ou moins développées selon la longueur que vous souhaitez donner à votre récit. Elles sont la conséquence directe de l’élément perturbateur (ex : la suite de décisions ou d’actions que votre personnage engage à la suite de la fameuse panne ou de la fameuse réclamation). 

Quatrième étape : le dénouement (lorsque l’on démêle, littéralement, le « nœud » de l’intrigue). C’est le moment qui suit la dernière péripétie et qui permet d’introduire la cinquième et dernière étape appelée « situation finale ». Le dénouement résout d’une manière ou d’une autre la problématique posée par l’élément perturbateur. Ainsi, dans la majorité des œuvres de fiction, les méchants échouent (dénouement) et les gentils sont heureux (situation finale). En ce qui vous concerne, il est probable que le dénouement coïncide avec la mise en place de la notion clé visée par la formation, et la situation finale avec la levée de toutes les difficultés observées au quotidien par les apprenants.  

A ces 5 étapes, vous en ajouterez la plupart du temps une sixième : le débriefing. En effet, sauf à ce que le message porté par votre récit soit suffisamment transparent, il sera opportun de bien mettre les points sur les i, pour éviter incompréhension ou malentendu. Ce débriefing peut se faire, au choix, sous la forme d’une explication, d’un débat ou d’un jeu de questions/réponses.    

Rendre votre histoire intéressante

Plusieurs techniques permettent de rendre votre récit plus intéressant : 

-       Identifier clairement les personnages et notamment le héros 

Le storytelling ne fait pas recette avec des « quelqu’un » ou des « une amie ». Il faut nommer, décrire. 

Pour rendre l’histoire toujours plus vivante et créer un lien privilégié avec vos apprenants, n’hésitez pas à vous mettre vous-même en scène. Vous pouvez raconter par exemple dans quel contexte vous avez un jour traversé la même problématique que la leur et comment vous avez pu surmonter les difficultés. Cette similarité augmentera l’attention de votre auditoire. 

Si vous répugnez à vous mettre en scène, vous pouvez également recourir à la métaphore, façon La Fontaine, en ayant soin, encore une fois, de bien identifier votre ou vos personnages. 

-       Créer un récit interactif

Pour stimuler l’identification de vos apprenants à votre personnage principal, vous pouvez leur poser ponctuellement des questions ouvertes pour voir comment eux-mêmes réagiraient dans la situation dépeinte. De cette façon, et pour ceux qui se prêteront au jeu, l’expérience sera encore plus immersive et le storytelling d’autant plus efficace puisque les apprenants en question s’approprieront pleinement les découvertes de votre « héros ». 

-       Toucher plusieurs sens à la fois

Une histoire ne s’écoute pas seulement avec les oreilles. Et les oreilles elles-mêmes exigent une variété de sons pour capter et maintenir une attention maximum (d’où l’opportunité des changements de tons, de l’emploi de musique ou de bruitages). Votre histoire peut s’adresser également aux quatre autres sens :   

- La vue, en mimant tel ou tel passage de votre récit. En présentant un objet, en montrant une ou plusieurs images.

- Le toucher, en faisant circuler par exemple l’objet que vous avez présenté, ou bien en invitant les apprenants à mimer eux-mêmes telle ou telle scène ; déambuler dans la pièce, etc. 

- L’odorat, enfin, si vous présentez un objet odorant (plante ? ingrédient ?).

Du reste, pas d’inquiétude ! Si vous ne vous voyez pas en train de raconter votre histoire en faisant circuler un pot-pourri avec en fond sonore la BO de Pirates des Caraïbes, sachez que vous pouvez également titiller les sens de vos apprenants par la seule imagination. Mentionnez ainsi une odeur agréable et chacun, selon ses goûts, évoquera en pensée l’odeur qu’il aime le mieux ; du foin coupé au chocolat fondu. Idem pour la vue et tous les autres sens. 

-       Ne pas chercher à en faire trop

Trop de storytelling tue le storytelling et vous n’auriez rien à gagner à multiplier les récits au cours d’une même session. Une formation n’est pas un one man/woman show. Considérer plutôt le storytelling comme une botte secrète et gardez-le pour le ou les moments les plus importants (introduction de la session et/ou illustration d’une notion phare). Evitez également de faire trop long. Les neurosciences (toujours elles !) indiquent en effet que l’attention baisse brutalement au-delà de 15 minutes.   

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