Le principe de l’apprentissage par essai/erreur est de permettre à un apprenant de monter progressivement en compétences après qu’un certain nombre de marches ratées lui eût permis d’identifier toutes les difficultés de l’ascension.

Les neurosciences témoignent des excellents résultats de cette méthode pédagogique en termes de mémorisation et d’ancrage des compétences. Toutefois, lorsque l’on désire mettre en œuvre des ateliers de formation basés sur ce principe, il faut veiller à éviter quatre écueils, à savoir : le jugement des autres, la perte d’estime de soi, l’analyse erronée ou bâclée des fautes commises et enfin la crise de motivation.

Savoir éviter les quatre écueils

Pour limiter au maximum l’appréhension du jugement d’autrui au sein d’un groupe d’apprenants et la perte de confiance en soi qui en est l’inévitable corollaire, il est bon de poser clairement les règles en début d’activité en rappelant premièrement que l’apprentissage par essai/erreur nécessite des erreurs. Un apprenant, lorsqu’il se trompe, loin d’être en échec, ne fait que suivre les étapes naturelles de l’exercice qui consiste précisément à affiner sa pratique ou sa compréhension au gré de corrections successives. Dans cette mesure, et si aucune erreur n'était commise, ce serait le signe que le niveau de difficulté n’est pas adapté au niveau moyen du groupe.

Deuxièmement, il faut rappeler aux apprenants que la bienveillance mutuelle est la condition sine qua none de l’échange. Cette remarque ne vaut bien entendu que pour la formation en présentiel ou en classe virtuelle. En e-learning, l’appréhension du jugement d’autrui n’existe pas puisque l’apprenant est seul en face de son écran. Il peut néanmoins éprouver une perte d’estime de soi dans le cas où il répéterait trop souvent la même erreur. Pour éviter que cela ne se produise, le formateur doit soigner la clarté et la précision de ses feedbacks afin de permettre une progression accélérée. Il doit aussi, comme dans le cas d’une formation en groupe, être attentif au niveau de départ de ses apprenants pour être en mesure de proportionner la difficulté de ses demandes aux capacités individuelles de chacun.

Enfin, pour éviter que ses apprenants ne butent trop souvent sur le même obstacle (ce qui aurait pour conséquence d’entamer leur motivation et tomber ainsi dans le quatrième écueil), le formateur doit s’assurer qu’ils ont bien compris la nature et l’origine de leur erreur. Il doit pour cela les faire réfléchir en stimulant leur réflexion par un jeu de questions/réponses et/ou par l’interaction avec les autres membres du groupe. Qu’est-ce qui a dysfonctionné ? A quel moment ? Pourquoi ? Quelle autre action/réponse aurait pu être envisagée ?...    

Le rôle de la maïeutique

Pour amener un résultat optimal, la méthode d’apprentissage par essai/erreur doit respecter les principes de la maïeutique.

De quoi s’agit-il ? D’une technique de questionnement, définie à l’Antiquité par Socrate, qui permet au sujet, habilement aiguillé par une suite de questions ou de propositions, de trouver en lui-même sa propre solution. Vous l’avez compris : il ne s’agit donc pas de corriger un apprenant qui se trompe mais de le mettre en situation de se corriger lui-même.

Cette maïeutique peut également se pratiquer à l’échelle du groupe. Dans ce cas de figure, le problème ne s’adresse plus à un apprenant en particulier mais à l’intelligence collective de tous. On peut l’employer aussi bien en phase réflexive, lorsque l’on s’interroge sur une erreur commise, qu’au moment d’introduire une nouvelle séquence, afin identifier d’emblée les a priori, mauvaises informations, points d’appui, etc.

Il est important également de faire prendre conscience aux apprenants que les erreurs peuvent avoir différentes origines (inattention, incompréhension, problème de méthodologie ou d’application de la règle, manque de connaissances, etc.). Selon les cas, l’antidote n’est évidemment pas le même et c’est le rôle du formateur d’accompagner chacun dans l’auto-analyse de sa problématique personnelle.  

De l’erreur au jeu

Vous connaissez bien sûr le jeu des 7 erreurs, mais vous n’aviez peut-être pas encore eu l’idée de l’utiliser en formation ? Pourtant ! Proposer à un groupe de résoudre des erreurs que vous avez accumulées volontairement peut s’avérer un excellent exercice. A la fois parce qu’il nécessite la mobilisation concrète des notions et compétences travaillées, mais aussi parce qu’il permet de décomplexer vos apprenants sur leurs propres erreurs en leur offrant l’opportunité de relever les vôtres. Le diagnostic de l’erreur, la reformulation et l’explication de la règle contribuent à ancrer encore davantage le savoir en eux.   

Un autre jeu intéressant est le « battle quizz ». L’activité consiste en un match à points entre les deux moitiés de votre groupe d’apprenants. Le principe est simple : à tour de rôle, les deux équipes se posent les questions les plus difficiles possibles dans le but de pousser l’adversaire à la faute. Chaque fois qu’une des équipes arrive à piéger l’autre, elle marque un point. L’équipe gagnante est celle qui en totalise le plus grand nombre à l’issue de la partie. Ce jeu, très ludique, est également très efficace car il amène les apprenants à se pencher sur les notions les plus complexes, les plus obscures et renforcer ainsi leur maîtrise du sujet. Le feedback du formateur/animateur permet en outre d’approfondir certaines notions pour aller encore plus loin dans la compréhension fine.

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